La Seconde Restauration (1815 – 1830)
- Français
- 24 de setembro de 2019
Na imagem, Le sacre de Charles X par François Gérard, vers 1827
Quand les Alliés entrèrent à Paris en Août 1815, la situation avait bien changé. Tout d’abord, les Alliés tenaient le gouvernement de Louis XVIII et le Peuple français comme responsables de l’arrivée au pouvoir de Bonaparte.
Les diplomates avaient laissé la place aux militaires : en tête le général Wellington, considéré, à tort ou à raison, comme le vainqueur de Waterloo, Blücher, chef des armées prussiennes et bien après le diplomate Metternich et même Alexandre dont les armées n’avaient joué qu’un rôle secondaire.
Tous les membres du Congrès de Vienne considéraient que Talleyrand comme les autres membres du gouvernement avaient fait preuve de légèreté, d’insouciance et même d’arrogance et que, au moment du danger, chacun n’avait pensé qu’à fuir. L’Europe, dans son ensemble, rendait responsable l’Esprit philosophique, l’Esprit critique, l’Ironie mordante, dont la France Révolutionnaire et Bonapartiste en étaient les symboles.
On peut diviser le règne de Louis XVIII en trois parties :
1) l’occupation militaire des Alliés 1815-1818 – Pendant trois ans, la France fut occupée par les troupes alliées dont les dépenses, souvent exagérées, étaient payées par les contribuables français. A part ces dépenses, les Alliés réclamèrent des indemnités de guerre et la démobilisation des armées et des places fortes françaises. A plusieurs reprises, Wellington intervint pour sauver des monuments de Paris ou d’autres villes que Blücher et les Prussiens voulaient détruire.
Le retour des émigrés, encore plus furieux, posait un autre problème : à savoir – une Terreur blanche qui durera des années avec des accalmies et des crises et pendant laquelle de milliers de paysans seront torturés et mis à mort par des bandes organisées par les nobles pour reprendre leurs terres. Dans la petite histoire, divulguée auprès du grand public, on parle souvent de la Terreur de Robespierre, de la Guillotine, des Tricoteuses, des charrettes, mais cette même histoire passe sous silence, la terreur blanche, laquelle a fait, probablement, plus de victimes que la première.
Le congrès de Vienne avait spécifié que la France devrait procéder à des élections pour donner une légitimité aux actions de Louis XVIII. Après de nombreuses tentatives d’élections, une Chambre Législative fut élue. On l’appela : La Chambre introuvable car les Ultras (Ultras Royalistes), disciples de Villèle avaient une majorité absolue. Cette chambre considérée par l’Europe comme dangereuse devant les protestations des Libéraux fut dissoute en 1816 alors que les troupes étrangères occupaient encore le territoire.
Louis XVIII avait démontré déjà en 1788 son esprit libéral. C’est lui qui avait poussé son frère Louis XVI à convoquer les Etats Généraux puis à accepter le dédoublement du Tiers Etat, c’est lui encore qui avait reproché à son frère le Comte d’Artois d’avoir pris le chemin de l’exil. Toutefois, l’hostilité constante de Marie Antoinette l’avait empêché de prendre la direction des affaires et après la fuite à Varennes en juin 1791, Louis XVIII a pris, lui aussi, le chemin de l’exil. Devenu régent après la mort de Louis XVI en janvier 1793, il se nomme Roi de France, à la mort du petit Dauphin en 1794. Devant les victoires des armées françaises, devant la montée de l’Empire, Louis XVIII se déplace sans cesse en Europe puis s’établit en Angleterre en 1807. Essayant d’établir des réseaux royalistes en Vendée, comme en Provence, entrant en contact avec les opposants au régime (Joséphine, Talleyrand, Fouchet, Benjamin Constant, Madame de Staël et autres), Louis XVIII s’impose par son intelligence. Marié à une princesse de Savoie et n’ayant pas d’enfants, Louis XVIII cherche à partir de 1815 à établir un Type de Constitution qui donnera à la France une stabilité sachant, d’ores et déjà, que son frère, le Comte d’Artois, qui deviendra Charles X, pousserait la France vers une extrême droite qui déclencherait la guerre civile. Or, si Wellington comprend fort bien des intentions de Louis XVIII, s’il a confiance en Talleyrand et en Fouché, les autres alliés se méfient des dirigeants français et cherchent à renforcer coûte que coûte les conditions de paix qui sont défavorables à la France. Louis XVIII, après avoir confié à Talleyrand le pouvoir puis à Fouché est bien obligé, sur proposition de la Chambre Retrouvée la candidature du Duc de Richelieu, petits fils du Maréchal et descendant du grand Cardinal. A partir de ce moment-là commence un gouvernement qui se veut libéral mais qui deviendra autoritaire.
2) 1818 – 1822 : Le Duc de Richelieu cherchera à développer l’économie française qui se trouve dans un état désespérée. Il voudrait, comme en Angleterre, préparer une montée de l’Industrie (Schneider, De Wendel), mais le mouvement est très lent, faute de capitaux et de confiance. L’opposition à la tête de laquelle se trouve Benjamin Constant réclame une plus grande liberté politique, l’arrêt de la Terreur Blanche et une politique économique moderne. C’est à ce moment là que de nombreux théoriciens développent, comme Saint Simon, Fournier, Auguste Comte des idées à la fois libérales et sociales. Mais dans l’ensemble le mouvement reste celui d’une élite parisienne et la France de 1820 est une France agricole et sans grands progrès. La bourgeoisie s’est ralliée à Louis XVIII mais se rend compte que les Ultras font des progrès et que le gouvernement de Richelieu sera bientôt remplacé par celui de Villèle.
3) 1822 – 1824 : Villèle avait été dans sa jeunesse un défenseur des Ultras royalistes. Prenant le pouvoir, il cherche à appliquer une politique basée sur les principes d’une Monarchie Absolue et d’une Economie Foncière. L’opposition se demande dans quelle mesure la France moderne peut accepter une telle conception, mais comme toujours la position assez libérale de Louis XVIII empêche des réactions collectives de la bourgeoisie. On fait confiance au vieux Monarque. À sa mort, en 1824, la bourgeoisie française se rend compte que Charles X, le nouveau monarque qui se fera Sacré à Reims comme les anciens Capétiens rétablira une monarchie absolue, que l’Angleterre craint, sachant que la France basculera dans une révolution et dans une république. L’opposition se forme contre Villèle et si celui-ci accepte la campagne d’Espagne, proposée par Chateaubriand, si encore il suit les directives de l’auteur de René, il s’en détache brusquement et veut imposer un juste milieu.
Le Règne de Charles X (1824 – 1830)
Quand Charles X prend le pouvoir il conserve Villèle comme premier ministre. Mais très vite, les intrigues de Chateaubriand, de Polignac, de Martignac, vont précipiter la chute de Villèle considéré comme trop mou. Au contraire, Polignac cherchera à aligner sa politique sur celle des anglais à la fois en Morée et pendant la guerre de libération grecque. De même, il lancera une série d’actions contre le Maroc et finira par préparer l’expédition d’Alger en mai – juin 1830. Polignac, par cette politique extérieure de tendance modéré et anglaise désirait avoir les mains libres en France pour imposer une politique de censure et de retour à l’absolutisme. S’appuyant sur l’église catholique, il cherche à isoler l’opposition. C’est alors que la grande bourgeoisie (banquier et industriels) décide de donner un appui à l’opposition même populaire et devant les ordonnances du gouvernement Martignac – Polignac, accepte le déclanchement d’une action populaire à Paris et dans de grandes villes, action soutenue par masse des paysans qui se sent menacée.
Le 27- 28 et 29 juillet 1930, le peuple de Paris érige des barricades et réussit après trois jours de durs combats à chasser le Roi Charles X et son gouvernement. Ces trois journées seront appelées les Trois Glorieuses, au nom de la Liberté, et la Colonne Place de la Bastille, construite avec les pierres de ancienne prison, possède les noms de tous ceux qui sont tombés pendant ces journées révolutionnaires. Delacroix, a illustré ces trois journées par un tableau Où l’on voit un bourgeois, un étudiant et un jeune enfant défendre la liberté, qui elle, se présente comme une belle femme, à la poitrine découverte et qui brandit le drapeau tricolore.
Une minorité des députés, au soir du 30 juillet, cherchera à imposer la république, mais le vieux Lafayette conseillera une monarchie constitutionnelle et l’adoption d’un roi des Français, Louis Philippe d’Orléans, fils de Philippe d’Orléans « Egalité », démocrate, soldat de Napoléon et admirateur de la monarchie anglaise. Le 31 juillet, Louis Philippe fut élu par une Assemblée à moitié pleine. Quelques mois plus tard, Louis Philippe sera consacré Roi des Français par un plébiscite. La Restauration était finie et commençait, alors, le Règne de la bourgeoisie, d’un capitalisme sauvage sous l’autorité d’un roi démocrate, mais en réalité autoritaire et dur.
Les journées révolutionnaires de juillet 1830 avaient donné à la population française le sentiment d’avoir renversé d’une fois pour toutes la Monarchie et de pouvoir alors instaurer la République. Mais les politiciens qui dirigeaient le mouvement savaient que l’Europe, et en particulier, la Russie, n’accepteraient pas un régime républicain. Lafayette résumera la situation avec cette phrase : « La France aujourd’hui a besoin d’une Monarchie où le Roi règnera sans gouverner. Etablissons une Monarchie entourée d’institutions républicaines. » Les grands banquiers comme Casimir-Perier, Laffitte, Rothschild appuient le mouvement ainsi que les grands industriels. La haute bourgeoisie comprend qu’il faut donner une liberté que tous les français réclament, mais qu’il faut en même temps assurer un ordre afin d’éviter un retour des Jacobins ou de nouvelles théories sociales. Louis Philippe d’Orléans, fils de Louis Philippe Egalité, avait été garde national en 1789, officier à Valmy, il avait suivi Dumouriez quand celui-ci était passé à l’étranger. Voyagent sans cesse, après la mort de son père, 1794, Louis Philippe avait été très près du régime Napoléonien tout en conservant avec ses cousins légitimistes (Louis XVIII et Charles X) des relations amicales.
Revenu en France sous la restauration, Louis Philippe recevra de grandes indemnités qui lui donneront une fortune qu’il saura administrer. Se présentant comme un bourgeois, Louis Philippe joue sur tous les tableaux. Finançant les journaux libéraux, maintenant avec son cousin Charles X des relations amicales, il demande à Lafayette et à Guizot des conseils. Quand le 30 juillet, au soir, les députés chercheront un lieutenant général pour assumer la régence devant l’abdication des Charles X, on pensera immédiatement à Louis Philippe d’Orléans. Jusqu’au 03 août 1830, Louis Philippe fera semblant d’hésiter, mais acceptera enfin le titre de Roi des Français et non de Roi de France. Il demandera la rectification de la Chartre de 1815, augmentant les libertés, mais conservera un gouvernement autoritaire puisque sa Consécration comme Roi des Français viendra de l’armée. De 1830 à 1848, pendant 18 ans, Louis Philippe prendra goût au pouvoir, on disait de lui : « L’appétit vient en mangeant. »
Conscient que Guizot (historien français, huguenot, partisan de la moral de Calvin : « aide-toi et le Ciel t’aidera ». Admirateur de l’Angleterre, pays dont il écrira l’histoire) menait une politique correcte, il lui donnera tous les pouvoirs afin de développer au maximum les nouvelles techniques provenant de la vapeur (locomotives, bateaux, usines). Large envers les riches, dur envers les pauvres, Guizot cherchera à dominer les deux adversaires qui menacent le régime de juillet, à savoir : la Droite conservatrice et la Gauche contestataire. Il réprime avec violence les révoltes républicaines de 1832, les tentatives bonapartistes de 1835 et 1840 ainsi que les tentatives féodales de 1833. Ce régime que l’on croyait sûr éprouvera des difficultés en matière de politique étrangère en se heurtant quelques fois à l’Angleterre. (entente cordiale entre Wellington et Talleyrand à propos de la fondation de la Belgique et du mariage du Roi de Belgique avec la fille de Louis Philippe ; heurts avec l’Angleterre quand Thiers (historien français prend le pouvoir), mais rétablissement des bonnes relations avec Guizot.
Dès le début, donc dès le mois d’Août 1830, les difficultés commencent : si l’Angleterre est prête à reconnaître le nouveau gouvernement français, malgré la Révolution et le drapeau tricolore, il n’en est pas de même de l’Autriche, de la Prusse et surtout de la Russie dont le Tsar Nicolas ler parle déjà d’une guerre. Cette division chez les |Grands Alliés est d’autant plus forte qu’à Bruxelles, la nouvelle de la Révolution française déclenche un mouvement révolutionnaire contre les Hollandais ; qu’à Milan et dans le Nord de l’Italie, les mouvements antiautrichiens prennent de l’ampleur et dans la rue, on chante la Marseillaise et que, dans les pays Rhénans, la population insulte les Prussiens.
Or, c’est en Russie, que le mouvement prend le plus d’ampleur. Si la Révolution des Décembristes (Décembre 1825) a été écrasée, le peuple Polonais, apprenant la nouvelle de la Révolution à Paris, s’enflamme, se proclamant libre. Les Polonais réussissent à former une armée de plus de 70.000 hommes sous le commandement d’anciens soldats de Napoléon (la Légion Polonaise) et Nicolas ler sera obligé d’oublier sa guerre contre les Français, pour rassembler une armée de plus de 150.000 hommes qui, malgré une résistance héroïque, finira par vaincre et entrera dans Varsovie en ruines. (la Polonaise de Chopin ).
La diplomatie anglaise, dirigée par Wellington, comprend que le régime en France, taxé de modéré, devra être soutenu de façon à éviter une République. Quant à la révolte belge, la diplomatie anglaise en profite pour faire de ce territoire belge un état neutre (alors que les patriotes belges criaient à l’unité avec la France), soutenu par l’Angleterre et la France (accord Wellington – Talleyrand). Mais sur le point de l’Italie du Nord et des Pays Rhénans, la diplomatie anglaise et Talleyrand préfèrent les laisser aux mains des Autrichiens et des Prussiens, afin d’éviter de plus grandes conséquences.
Evoluant ainsi entre deux courants, l’administration interne (Préfets, commandements militaires, juges, notaires etc.) subit les va-et-vient des pressions parisiennes. Tantôt, il s’agit de renvoyer tous ceux que Louis XVIII et Charles X ont nommés, tantôt, au contraire, pour des raisons de compétence, l’administration centrale maintient tout le monde. Il arrivera, entre Septembre 1830 et Octobre 1831, que des préfets ou des juges maintenus pour mille et une raison, soient simplement délogés ou tués par des patriotes qui réclament une épuration totale. En province, nombreux sont les paysans qui reprennent possession de leurs terres que la Terreur Blanche des Aristocrates leur avait pris. Les ministres, d’ailleurs, se divisent en deux partis (tout au long des 18 ans) les uns voudraient employer la méthode forte vis-à-vis des Révolutionnaires, tout en leur accordant des bénéfices sans importance, (GUIZOT), d’autres, au contraire, désireraient amplifier les bénéfices de la Révolution de Juillet (THIERS), sans tomber dans les Illusions (socialistes).
Louis-Philippe prendra l’habitude d’arbitrer ces luttes intestines, mais abordera les problèmes avec une certaine hauteur. Se considérant, malgré tout, comme parent de la branche légitime, se considérant légitimé par la Révolution ( Il se persuade de plus en plus qu’il est doublement légitime ), devant les critiques des députés, il prend la défense de ses ministres, en disant : « Il n’y a pas deux politiques, celle des ministres et celle du Roi, il y en a une que j’assume et qui est celle de mes ministres «En réalité, Grippeminaud, Louis-Philippe joue le Roi Bourgeois, bon enfant, père de famille ( « mon meilleur bouclier, ce sont mes 5 fils. »), mais cache un désir de Roi Absolu.
Cependant, sa formation anglaise lui apprend à reculer quand il le faut. Quand il voudra devant les violentes critiques de la Presse créer une censure, Guizot lui rappelle que les 3 Glorieuses ont commencé par une pareille mesure (Les 4 Ordonnances du 25 Juillet 1830). Tant que l’économie française luttera pour récupérer une prospérité, tant que la prospérité s’installera, tant que le capitalisme financier et le capitalisme industriel se porteront bien, tant que l’agriculture atteindra un niveau moyen, le régime se maintiendra lui aussi. On verra, au fil des années, entre 1830 et 1848, une collaboration s’établir, de plus en plus étroite, entre les Banques et la Presse. Les journaux de tendance radicale disparaîtront, alors que ceux qui adhéreront à un « gentleman agreement » résisteront aux difficultés de l’époque.
C’est Balzac, puis Stendhal, puis Flaubert, Hugo (à partir de 1843) et bien d’autres écrivains qui dénonceront le pouvoir de l’argent, l’ère d’un capitalisme sauvage. Les mœurs et les coutumes changent avec l’argent, la spéculation immobilière, les titres de noblesse achetés, l’apparence, le snobisme, Lamennais critique l’Eglise Catholique qui a oublié les pouvoirs pour se mettre au service du Capital. L’Intelligenzia européenne prévoit une crise violente qui touchera toutes les classes (1847 1848). Cette explosion n’empêche pas les spéculations, les faillites retentissantes, les expéditions coloniales, car l’appareil administratif et répressif est de plus en plus fort. Il faudra attendra un tsunami économique et financier, agricole et industriel pour voir se désintégrer un régime qui avait de tout pour réussir.
Par Alexandre A. E. Roche
Cours de Civilisation -2009-2
Les hommes d’Etat français au XIXe et XXe siècle