L’impressionnisme en peinture et la littérature – Partie II: Édouard Manet
- Art
- 10 de janeiro de 2020
Trazemos mais uma série de textos originais escritos por nosso fundador, Monsieur Roche. Dessa vez, sobre o movimento impressionista francês nas artes e na literatura. O Instituto Roche ressalta que o conteúdo das publicações são textos que tem como único objetivo a prática da língua francesa. Voilà !
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Manet, Baudelaire et Zola.
Solitaires. Solidaires. Évasion. Réalisme créateur.
Édouard Manet (1832 -1883) a ouvert les portes à la peinture moderne et contemporaine, à la littérature de la contestation et du spleen. Issu d’une famille bourgeoise très aisée, il connaît une enfance calme, sérieuse, disciplinée. Pourtant, à l6 ans, il est refusé au concours d’entrée à l’Ecole des Officiers de Marine, au grand désespoir de sa famille qui le voyait déjà Amiral. Déçu, et sans l’appui des siens, il s’engage sur un bateau et passera un an au Brésil, s’intéressant profondément à ce vaste pays qu’il n’oubliera jamais. Souvent durant leurs longues conversations Edouard Manet évoque pour son ami Baudelaire des images de ce Brésil colonial, aux couleurs violentes.
Revenu en France, en 1849, à 17 ans, il abandonne les études et se lance dans le dessin et la peinture. En 1850, il entre dans l’atelier de Couture, peintre disciple de l’Académisme d’Ingres. Il y restera 3 ans mais finira par se disputer violemment avec son maître, partant déjà de cette idée qu’il cultivera, toute sa vie et qu’il apprendra à Baudelaire comme à Monet, à Renoir, à Degas et que Zola définira : « Le tableau n’est pas une simple représentation, mais au contraire une conception, une vision du peintre ».
Livré à lui-même, en 1853, à 21 ans, possesseur d’une bonne fortune, il voyage découvrant l’Italie, l’Autriche et la Hollande. Dans chaque pays, il découvre l’Art Italien du XVème et du XVIème dont il est, dit-il, un admirateur conscient. Il étudie le baroque catholique, puis en Hollande les Ecoles Flamandes. Plus tard, il répétera à Baudelaire comme à Zola, qu’il admirait profondément les Œuvres Anciennes, mais il se refusait à se laisser enfermer dans un académisme béat et décadent. Il sentait confusément que bien des choses manquaient à sa conception de l’espace. Il lit et s’instruit, découvre, avec les Goncourt, l’art japonais. Plus tard, ce sera la peinture espagnole et surtout celle de Velasquez qui lui donne le sens du message dans le tableau.
En l859, il présente le Buveur d’absinthe que les dirigeants refusent sous prétexte d’un réalisme pervers.
Sur le conseil de sa famille, il présente en 1861 au Salon les portraits de Monsieur et Madame Manet, ainsi que le guitariste. Ces tableaux sont acceptés et la critique lui est favorable, d’autant plus que l’influence de Courbet y est reconnaissable. En effet abandonnant, pour un temps sa solitude et sa solidarité abstraite à l’égard des autres, il se rapproche de ses amis et succombe à l’espagnolisme que l’Impératrice Eugénie et Prosper Mérimée diffusent dans la société française. Il peint une série de tableau se rapprochant, sans cesse de Velasquez. Son tableau Lola de Valence est salué par la critique et inspire Baudelaire qui consacre au thème de la femme espagnole un sonnet, reprenant le thème de Manet. Poursuivant sa marche en avant, Edouard Manet étudie de plus près le rapport ombre et lumière et, pour la première fois, conçoit la lumière comme un instant fugitif.
Cependant, malgré l’appui de certains critiques dont le jeune Zola, la Musique aux Tuileries et le Déjeuner sur l’herbe sont refusés au milieu d’une polémique violente. C’est alors que choisissant comme Baudelaire le surnaturel, la magie noire (Baudelaire et Jeanne Duval), le satanisme il peint Olympia, tableau qui déclenche alors un mouvement de prise de conscience chez les poètes comme chez les peintres. L’opposition violente entre la blancheur d’Olympia et la couleur noir foncé de la bonne et du chat confère au tableau, non plus une représentation d’un nu académique mais l’évocation des Fleurs du Mal.
Devant l’ampleur du scandale (le Monde), Manet part en Espagne, étudiant longuement les Grands espagnols. À son retour, il connaît alors un groupe de jeunes peintres qui le regarde comme leur aîné. Entre l’influence de Courbet et celle de Manet, le groupe, composé de Monet, Renoir, Pissaro, Degas, Cézanne, Zola choisit Manet qui devient, sans le vouloir, sans même le savoir, le modèle, l’inspirateur. Toutefois, solitaire, il déteste ce rôle et s’attache surtout à Monet. Du côté de la poésie, et devant la maladie grandissante de son ami Baudelaire, il s’attache à Zola. De son côté, le jeune Zola découvre alors de nouveaux horizons dans la poésie qu’il communique à son ami Cézanne.
En 1866, il rencontre dans le groupe Berthe Morisot avec qui il se lie. Cette jeune femme, peintre enthousiaste, lui apprend le plein Air, la lumière diffuse, les contrastes. Elle l’entraîne à Barbizon, sur la côte normande.
De 1866 à 1878, il peint des portraits, des paysages, et cherche auprès de ses amis des influences nouvelles. Il admire Monet, Degas, a mauvaise opinion de Renoir et trouve Cézanne exagéré. Ses relations avec la littérature ont perdu un peu de leur force.
À partir de 1879, atteint de paralysie progressive, il est obligé d’abandonner la vraie peinture, comme il le dit à son ami Monet. Entre eux, l’amitié dure. Avec les autres, les liens se sont relâchés. Pour beaucoup Manet a joué le même rôle que Baudelaire a eu en littérature. Solitaires et solidaires, ils ont ouvert les portes de l’Art Moderne.
Par Alexandre A. E. Roche